Les deepfakes, ces vidéos truquées grâce à l’intelligence artificielle, connaissent une évolution inquiétante qui complique leur détection. Alors qu’ils étaient déjà sophistiqués par la manipulation des expressions faciales et des gestes, une nouvelle avancée technique leur permet désormais de simuler un battement de cœur réaliste. Cette amélioration représente un véritable défi pour les outils de détection qui utilisaient jusqu’à présent l’absence de ce signe vital pour identifier les vidéos falsifiées.
**Une course technologique constante**
Depuis plusieurs années, les techniques de création de deepfakes et celles de détection se livrent une véritable « course aux armements » technologique. Jusqu’ici, un indice fiable pour les détecteurs était le rythme cardiaque visible à travers des variations subtiles de la couleur de la peau, détectables par des méthodes comme la photopléthysmographie à distance (rPPP), qui analyse la lumière traversant la peau et le flux sanguin. Dans le domaine médical, cette technologie est utilisée pour estimer des signes vitaux, mais elle a également servi de base pour distinguer les vidéos authentiques des deepfakes.
**Des deepfakes qui simulent un pouls réel**
Une équipe de chercheurs de l’Université Humboldt de Berlin, dirigée par le professeur Peter Eisert, a récemment démontré que certains deepfakes de haute qualité intègrent désormais un battement de cœur apparent. En analysant des vidéos deepfake créées avec des méthodes récentes, leur détecteur, spécialement conçu pour mesurer le rythme cardiaque à partir d’images faciales, a perçu un pouls similaire à celui des vidéos réelles, alors qu’aucun battement n’avait été intentionnellement ajouté.
Cette simulation réaliste peut provenir de deux sources : soit elle est intégrée volontairement par les créateurs de deepfakes pour renforcer leur authenticité, soit elle est « héritée » automatiquement des micro-variations de couleur faciale du matériel vidéo original utilisé comme base, ce qui reproduit le rythme cardiaque du sujet authentique.
**Les limites actuelles et perspectives**
Malgré cette avancée troublante, tous les espoirs ne sont pas perdus. Les chercheurs ont constaté que, même si le pouls global est bien imité, les variations physiologiques détaillées du flux sanguin à travers le visage ne sont pas encore reproduites de manière crédible dans les deepfakes. Cette imperfection pourrait servir de nouvelle piste pour les futurs outils de détection.
En concentrant l’analyse sur la dynamique locale du flux sanguin et non sur un battement global uniforme, il serait possible de renouveler l’efficacité des détecteurs face à cette nouvelle génération de deepfakes. Ainsi, la course entre créateurs et détecteurs de deepfakes continue, poussant toujours plus loin l’innovation des deux côtés.
**Pourquoi ce progrès inquiète-t-il ?**
La sophistication accrue des deepfakes ouvre la porte à de nombreux risques : désinformation politique, manipulation médiatique, atteintes à la vie privée, voire des enquêtes judiciaires faussées. Dans un contexte où la crédibilité de l’image devient essentielle pour la confiance dans l’information, cette capacité à simuler des signes vitaux comme le pouls rend la tâche des experts et du grand public encore plus ardue.
Pour conclure, si la technologie des deepfakes franchit un cap en intégrant un battement de cœur réaliste, les chercheurs gardent espoir que les faiblesses physiologiques fines encore présentes permettront aux outils de détection de s’adapter et de contrer cette nouvelle menace. La vigilance reste donc de mise dans un monde où l’image truquée devient toujours plus convaincante.
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