Pourquoi le rêve technologique africain est indissociable de la politique
L’Afrique regorge de potentiels innovants dans la tech, avec des startups audacieuses dans le paiement, l’éducation en ligne ou l’agriculture numérique. Cependant, un fait trop souvent passé sous silence est que l’essor technologique sur le continent ne pourra se réaliser sans un engagement réel avec la politique et la gouvernance. Ignorer ce lien, c’est construire sur des bases fragiles qui menacent la pérennité des entreprises.
La gouvernance, un pilier incontournable
Contrairement à l’idée répandue que la technologie peut avancer indépendamment de la politique, la réalité est toute autre : l’innovation en Afrique est profondément politique. Que ce soit l’accès à l’électricité, aux infrastructures ou à internet, tout est impacté par des décisions politiques. Par exemple, au Nigeria, 43 % de la population n’a pas accès à l’électricité, ce qui affecte directement la capacité à faire tourner des centres de données ou des chaînes logistiques.
De même, le commerce intra-africain reste faible (seulement 15,9 % des échanges), plombé par des frontières administratives lourdes et des réglementations diverses, illustrant un problème politique plutôt qu’un simple obstacle technologique. En outre, des politiques telles que la taxation numérique au Kenya ou les lois sur la localisation des données en Afrique du Sud montrent à quel point les gouvernements influencent le paysage digital.
Les entrepreneurs : acteurs politiques malgré eux
Chaque interaction d’un entrepreneur avec l’administration — obtention d’une licence, négociation fiscale ou demande de clarifications réglementaires — est une entrée dans le jeu politique. Pourtant, nombreux sont ceux qui évitent d’aborder ce sujet, pourtant crucial. Les pays qui ont réussi leur révolution numérique ont souvent bénéficié d’un partenariat étroit entre entreprises et autorités publiques, comme la Chine ou les États-Unis, où l’État a été un véritable moteur structurant.
En Afrique, cette interaction devient incontournable. Les startups doivent composer avec un environnement incertain, marqué par des réformes fiscales imprévisibles, des retards pour l’obtention de licences, ou des coupures d’internet. Ignorer ces réalités, c’est prendre le risque de disparaître rapidement.
La nécessité d’une nouvelle approche pour les fondateurs et investisseurs
Le futur des entreprises innovantes africaines dépend de leur compréhension des enjeux politiques. Il ne s’agit pas seulement de coder ou de lever des fonds, mais aussi de négocier avec les ministères et influencer les cadres réglementaires. Les accélérateurs et investisseurs doivent intégrer cette dimension en formant à la fois à la technologie et à la gouvernance.
Cette approche hybride permettra de bâtir des projets plus résilients, capables de naviguer dans un environnement complexe et souvent instable. Les infrastructures—routes, électricité, connectivité—sont des fondations politiques autant que matérielles de la transformation digitale et industrielle du continent.
S’impliquer pour construire l’avenir
Pour construire vraiment l’Amazon africain ou déployer des infrastructures numériques à grande échelle, il est indispensable de suivre de près les décisions politiques, comprendre les législations en cours, et s’engager activement auprès des autorités. Ce n’est pas un choix, mais une condition de survie et de succès dans un écosystème où « la tech » et l’État sont inextricablement liés.
En conclusion, il est temps de casser le tabou : la réussite technologique en Afrique passe par une intelligence politique assumée, un partenariat sincère entre entrepreneurs, investisseurs et gouvernements. Ignorer ce fait, c’est mettre en péril le futur même de l’innovation sur le continent.
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