Les avocats et l’IA : entre utilité et risques de fausses informations générées
Avec la montée en puissance des intelligences artificielles comme ChatGPT, de nombreux avocats ont adopté ces outils pour faciliter leurs recherches juridiques. Pourtant, cette tendance récente ne va pas sans risques. De plus en plus d’affaires révèlent que certains professionnels du droit soumettent des documents contenant des références ou des cas fabriqués par l’IA, connus sous le nom de hallucinations.
L’IA, un assistant précieux mais faillible
Pour des avocats souvent sous pression, jonglant avec une charge importante de dossiers, l’IA apparaît comme une aide précieuse et rapide. En effet, environ 63 % des avocats utilisent déjà l’IA en 2024, dont 12 % régulièrement, principalement pour résumer des textes, rechercher des jurisprudences, lois ou modèles types. Ces outils sont même intégrés dans des bases de données juridiques comme Westlaw ou LexisNexis.
Cependant, la simplicité d’accès à cette aide technologique masque un problème fondamental : une part importante d’utilisateurs ne comprend pas totalement le fonctionnement ni les limites d’un modèle de langage. Un avocat sanctionné récemment a expliqué croire que ChatGPT était un moteur de recherche avancé, alors qu’il produit parfois des résultats inexistants ou erronés, bien rédiger mais dénués de fondement.
Des erreurs qui peuvent avoir de graves conséquences
Les erreurs d’IA ne sont pas anecdotiques. Dans plusieurs cas médiatisés, notamment lors de procès importants, des juges ont découvert que des dossiers soumis mentionnaient des décisions de justice totalement fictives. Ces hallucinations font perdre en crédibilité les avocats impliqués et peuvent entraîner de sanctions financières ou judiciaires.
Un exemple récent met en lumière ces dérives : dans une affaire médiatique à Tampa, une motion de défense comportait neuf faux passages juridiques, obligeant le tribunal à rejeter le document et les avocats à réécrire intégralement leur argumentaire.
Un usage encadré mais appelé à se généraliser
Face à ces risques, l’American Bar Association a publié en 2024 des recommandations invitant les avocats à développer une compétence technologique solide, à évaluer les avantages et limites des outils d’IA et à gérer la confidentialité des données sensibles qu’ils y entrent.
Selon certains experts, l’IA demeurera un levier incontournable pour le futur de la profession juridique, à condition de ne pas se fier aveuglément à ses résultats. Il est crucial que les professionnels du droit continuent de vérifier scrupuleusement les informations produites par ces technologies, comme ils le feraient pour le travail d’un collaborateur junior.
Bien utilisée, l’intelligence artificielle peut donc devenir une assistante efficace, aidant à analyser rapidement des documents volumineux, à préparer des ébauches ou à envisager différentes stratégies juridiques. Mais son rôle doit rester complémentaire au jugement et à l’expertise humaine.
👉 Source ici