Crise à Newark : quand l’obsolescence des systèmes et le manque de personnel mettent en péril la sécurité aérienne

Crise à Newark : quand l’obsolescence des systèmes et le manque de personnel mettent en péril la sécurité aérienne

En 2024, l’espace aérien américain a accueilli 16,8 millions de vols, une augmentation notable par rapport à l’année précédente. Pourtant, la gestion de ce trafic repose toujours sur un système d’air traffic control développé dans les années 1990, intégrant des technologies aujourd’hui dépassées, comme les trackballs et anciens écrans couleur. Ce système ancien, associé à des restrictions budgétaires chroniques et à une pénurie de personnel, menace de plus en plus la fiabilité et la sécurité des vols.

Un incident majeur à Newark

Le 28 avril 2025, l’aéroport Newark Liberty International a été le théâtre d’un incident critique : les contrôleurs aériens ont perdu pendant près d’une minute et demie les communications radar et radio essentielles à la surveillance des approches et départs. Cet événement a provoqué une interruption totale des opérations, avec des retards, des annulations et des déroutements de dizaines de vols, et a mis en lumière les risques liés à un système fragile.

Les contrôleurs ont dû gérer la situation en plaçant les avions en mode « holding » (attente), en ordonnant des altitudes de sécurité et même en demandant à certains pilotes de se débrouiller en maintenant eux-mêmes la séparation visuelle entre les aéronefs. Bien que l’incident n’ait pas entraîné d’accidents, les conséquences ont été lourdes : arrêt complet des décollages pendant plus de trois heures, retards persistant plus d’une semaine.

Une surcharge et un personnel épuisé

La complexité de l’espace aérien de New York est sans égal, avec plus de 6 000 vols par jour gérés entre 30 aéroports et héliports. Newark TRACON, la zone de contrôle des approches du plus actif de ces aéroports, ne compte que 24 contrôleurs aujourd’hui, loin des objectifs précédents et largement insuffisant pour la charge de travail.

Le problème est amplifié par un coût de la vie élevé et des salaires peu compétitifs, entraînant un fort turnover et une pénurie chronique. Le résultat ? Des heures supplémentaires obligatoires, des semaines de travail de six jours, et des conditions qui accroissent le stress et la fatigue du personnel travaillant pourtant dans un secteur où la vigilance est capitale.

Une infrastructure technique dépassée

Pour réduire les coûts, la FAA a relocalisé une partie des opérations de Newark vers Philadelphie, mais sans investir dans les infrastructures nécessaires, notamment en refusant de créer un serveur de données STAR neuf et fiable pour soutenir cette délocalisation. Le système actuel utilise une liaison sur des lignes télécoms longues de plus de 130 km, particulièrement vulnérables aux interruptions.

Ces contraintes techniques s’ajoutent à un parc matériel ancien, maintenu avec des solutions provisoires, souvent peu sécurisées. Malgré un budget en hausse, les besoins de maintenance sont largement sous-financés, ce qui plonge la gestion du trafic aérien dans une situation critique où la moindre panne peut engendrer un chaos aux conséquences potentiellement dramatiques.

Des solutions lentes et insuffisantes

Face à ces défis, la FAA a embauché massivement récemment, mais la formation complète des nouveaux contrôleurs prend du temps, ne produisant pas d’amélioration immédiate. Le projet NextGen, prévu pour moderniser le système, accuse un retard considérable avec une mise en service attendue seulement pour 2034, soit plus de 30 ans après son lancement.

En attendant, la sécurité du trafic aérien repose sur des contrôleurs qui, malgré ces conditions difficiles et des technologies peu fiables, maintiennent la vigilance et l’efficacité, évitant de justesse des incidents majeurs. Néanmoins, le système est sur un fil du rasoir entre fonctionnement et catastrophe possible, nécessitant une attention urgente et des investissements conséquents.

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