L’Afrique face au défi de l’EdTech malgré un succès grandissant de la FinTech
L’Afrique s’impose comme un leader mondial de la FinTech, avec des investissements massifs et une adoption rapide de solutions financières digitales. Pourtant, son système éducatif reste l’un des moins performants au monde, et le secteur de la technologie éducative (EdTech) peine à décoller malgré un marché estimé à plus de 160 milliards de dollars par an, soit presque trois fois plus que celui des transferts d’argent.
Un fossé inquiétant entre FinTech et EdTech
Alors que la FinTech capte près de 60 % des investissements en capital risque en Afrique, avec des services plus rapides, économiques et efficaces, l’EdTech ne reçoit que moins de 2 % des financements. Cette faible attractivité est en partie due à des modèles économiques peu viables et des solutions technologiques conçues sans réelle demande clientèle, souvent focalisées sur une clientèle privilégiée ayant accès à Internet.
L’échec des promesses technologiques sans modèles d’affaires solides
Des initiatives comme le programme One Laptop Per Child il y a vingt ans ont montré que la technologie seule ne suffit pas. Des défauts comme le manque d’entretien, la formation insuffisante des enseignants, ou la fragilité des modèles financiers ont conduit à des échecs répétés, malgré des investissements conséquents.
Aujourd’hui, l’engouement pour l’intelligence artificielle (IA) engage des promesses semblables, telles que les tuteurs personnalisés à bas coût. Pourtant, sans une adoption réelle ni un modèle économique pertinent, ces innovations risquent de reproduire les mêmes erreurs.
Le rôle crucial des modèles économiques et des partenaires publics
Une startup kényane développe un soutien pédagogique via WhatsApp, plateforme utilisée par plus de 200 millions d’Africains. Mais son modèle, basé sur des abonnements payés par des enseignants sous-payés, révèle ses limites. Vendre directement aux gouvernements, acteurs majoritaires de l’éducation en Afrique, pourrait ouvrir des perspectives plus solides et durables.
En effet, les gouvernements représentent près de 70 % des dépenses éducatives sur le continent. Pourtant, la majorité des élèves n’a pas accès à Internet ou à des smartphones, ce qui souligne l’urgence d’adopter des modèles économiques adaptés au contexte réel, dépassant la simple innovation technologique.
Un investissement massif sans durabilité garantie
Le programme kényan Tusome illustre les défis : près de 100 millions de dollars investis ont permis de modérés progrès en lecture, sans que le programme ne soit réellement soutenu financièrement par l’État au-delà des dons en nature. Cette situation menace la pérennité des acquis éducatifs.
Cet exemple révèle la difficulté historique du secteur à aligner financement, déploiement et demande réelle, compromettant ainsi la pérennité des projets EdTech en Afrique.
Conclusion : l’innovation des modèles économiques, clé pour l’avenir
L’IA ne sauvera pas seule l’EdTech. Le véritable enjeu est de concevoir des approches économiques solides et durables, où les produits sont véritablement adoptés et soutenus par les gouvernements et les communautés éducatives. S’inspirer d’alliances sectorielles comme Gavi dans la santé, pourrait aider à bâtir un écosystème EdTech africain prospère.
La crise éducative en Afrique nécessite un changement profond dans le financement et la mise en œuvre des technologies éducatives. Sans cela, les promesses technologiques, aussi séduisantes soient-elles, risquent de ne jamais atteindre leur plein potentiel ni d’améliorer réellement l’apprentissage des enfants africains.
👉 Source ici